Vous connaissez Niki de Saint Phalle ? Déjà entendu parler du Nana Power ?
Niki de Saint Phalle, artiste du milieu du XXe siècle (1930-2002), est connue en particulier pour ses célèbres « Nanas ». Autodidacte, plasticienne, peintre, sculptrice, réalisatrice de films, elle a également exprimé dans son oeuvre son engagement politique et féministe.
Le Grand Palais lui dédie du 17 septembre 2014 au 2 février 2015 une rétrospective. C’est la plus grande exposition qui lui est consacrée en France depuis vingt ans. Plus de 200 œuvres et archives – mêlant peinture, assemblage, sculpture, gravure et cinéma expérimental – sur un parcours de 2 000 m2. www.grandpalais.fr/fr/evenement/niki-de-saint-phalle
Née en 1930 à Neuilly Sur Seine, d’une mère américaine et d’un père issu de l’aristocratie française, Niki de Saint Phalle avait suivi ses parents aux Etats-Unis en 1937. A 18 ans, elle est devenue mannequin. Puis la famille est rentrée en France en 1952. Ses premières toiles datent des années 1950. Diagnostiquée schizophrène, la jeune femme avait subi un traitement par électrochocs et trouvé dans l’art une véritable thérapie. En 1961, elle fait son entrée comme première femme chez les Nouveaux Réalistes à Paris. En 1971, elle s’est mariée avec l’artiste Jean Tinguely.
“J’ai commencé à peindre chez les fous… j’y ai découvert l’univers sombre de la folie et sa guérison, j’y ai appris à traduire en peinture mes sentiments, les peurs, la violence, l’espoir et la joie.” Niki de Saint Phalle
Niki de Saint Phalle exprime son rejet de sa famille et du monde bourgeois. Au début des années 1970, elle travaille sur un long-métrage avec le réalisateur Peter Whitehead, intitulé Daddy. Il mêle l’imaginaire à des éléments plus autobiographiques, comme l’inceste (elle a elle-même été abusée par son père à l’âge de 11 ans) et les rapports de domination entre les hommes et les femmes. Des années plus tard, en 1993, elle publie un livre, Mon Secret, qui explore la partie sombre de son enfance. Elle a alors 64 ans.
Le pouvoir aux Nanas
« Nous avons bien le Black Power, alors pourquoi pas le Nana Power ? Le communisme et le capitalisme ont échoué. Je pense que le temps est venu d’une nouvelle société matriarcale ».
Le Nana Power (nom donné par Niki en référence au Black Power), c’est pour elle “le monde de la femme, amplifié, la folie des grandeurs des femmes, la femme dans le monde aujourd’hui, la femme au pouvoir”.
Le thème de la femme et du féminin est central dans son oeuvre. Niki de Saint Phalle a créé une série haute en couleurs : les Nanas. Des femmes sans visage, aux poitrines et aux ventres généreux. Une célébration de la libération des femmes et de leur parole, hors des critères de beauté en vigueur.
Monumentales et habitables dans des pièces de théâtre ou des installations, de dimensions plus modestes et gonflables, parfois placées dans des lieux publics, ou encore sérigraphiées, les Nanas sont multiples et accompagnent sa carrière jusqu’à son terme. Elles constituent le prolongement d’un propos qui débute avec des séries aux titres évocateurs : Mariées, Accouchements, Prostituées, Sorcières, Déesses et se poursuit avec les Mères dévorantes. A l’occasion, elles disent l’attachement de Saint Phalle à l’égalité des droits, qu’elle manifeste dans le choix de titres tels que Joséphine Baker ou Black Rosy, qui fait référence à Rosa Parks, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis.
Article à lire: Niki de Saint Phalle au Grand Palais : le récit de son viol, ou l’art comme thérapie, Par Michel Briat art-thérapeute.
La bande-annonce de l’exposition :